Contacts sonores et visuels      

 

 Contacts entre Circaètes 

Le Circaète est capable d'émettre des cris très sonores et mélodieux.

Mais ces cris sont émis dans des circonstances assez précises : car contrairement à ce que l'on peut voir et entendre dans certaines scènes de fiction, un rapace ne passe pas son temps à brailler à droite et à gauche sans raison, et surtout pas quand il s'agit de chasser !

Certains observateurs ont trouvé le Circaète plutôt loquace.

D'autrepart, il est vrai qu'au printemps, au moment des parades, on entend souvent en pleine nature les cris des Buses, Milans, Bondrées, etc.

Qu'en est-il donc du Circaète ?

Il n'a rien à voir avec une Corneille ou bien un Coucou : c'est un oiseau qui est ordinairement silencieux.

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Sauf si un autre Circaète pénètre dans le territoire de nidification d'un couple : l'un des conjoints (voire les deux ensemble) va se porter à la rencontre de l'intrus, ailes tendues, pour essayer de le repousser, et joint généralement à son vol d'intimidation toute une série de cris qu'on entend de loin.

Il s'agit de variations sur un cri d'alarme de base, qu'on pourrait (mal) transcrire par un enchaînement de « Kîî-iouk 'iouk 'iouk 'iouk 'iouk ! »

Il suffit que l'intrus s'attarde un peu trop longtemps pour que les deux partenaires se mettent à crier très fort contre lui, avec des vols qui peuvent même finir par devenir agressifs (piqués avec serres projetées en avant).

Mais paradoxalement, si l'animosité est forte, le vol du Circaète reste très lent. Autant celui qui est "chez lui" que l'intrus prennent parfois une attitude classique, les ailes tendues au maximum (on appelle cela le "vol vautour"), et ils peuvent tournoyer un moment dans le ciel en un étrange ballet "au ralenti" qui peut faire croire à un observateur non informé qu'il s'agit d'un vol de parade.

Il n'en est rien, les parades du Circaète n'ont rien à voir avec celles d'une Buse ou d'un Buzard.

Un Circaète adulte qui crie fort dans le ciel n'est pas en parade, mais en conflit territorial.
 

 
 
Il existe aussi une gamme variée de "petits cris" entre partenaires, par exemple pour avertir de la présence d'un intrus humain près du nid.
Ou parfois des cris de la femelle au mâle, lorsque celui-ci revient de chasse avec un serpent.

Au début de sa vie le jeune émet à un certain stade des cris de quémandement quand il voit un parent revenir avec un serpent. On peut les retranscrire par une série de « Pîîîouk' ! Pîîîouk' ! Pîîîouk' ! » devenant de plus en plus forts au fur et à mesure que l'adultre se rapproche puis vient se poser sur le nid.
 

Contact avec les humains : il semblerait que le le Circaète ne pousse pas ses cris d'alarme "à l'encontre" d'un intrus humain (ce n'est pas comme une "tentative d'intimidation"), mais plutôt à destination de son partenaire. Et que même si on ne voit qu'un seul Circaète dans le ciel sur le moment, le deuxième n'est peut-être pas loin.

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Si le Circaète a une voix très mélodieuse, il dispose d'un autre moyen de contact, visuel : le "flash" blanc qu'il est capable d'émettre dans le ciel à l'aide d'un battement d'ailes spécial, le vol "en feston".

En vol plané, à bonne altitude, le Circaète amorce une légère descente sur une courte distance puis relève sa trajectoire, se cabre (l'axe tête queue est parfois proche de la verticale), et projette ses ailes vers l'avant en exposant brièvement toute la surface blanche du dessous des ailes face au destinataire.
Quand on est bien placé, tant par rapport à l'oiseau que par rapport au soleil, on peut effectivement voir une surintensité lumineuse, un "flash", certainement visible de loin.

Ce vol en feston a habituellement une fonction territoriale, de "marquage" ou d'intimidation, on peut y assister à la frontière de deux zones de nidification dès le retour des oiseaux début mars.

Mais il peut aussi avoir une fonction de contact entre le mâle et la femelle, il a par exemple été observé chez un mâle qui venait de capturer une proie (pas loin de sa zone de nidification), ou une femelle dérangée de son nid peu après l'envol matinal du mâle parti chasser.

 
 

 2003 

Je circule à pied en bordure d'un grand pare-feu en début de saison (15/03/2003), à un peu plus d'un kilomètre d'une zone de nidification 2002.
Un Circaète surgit de ma gauche au-dessus d'un boisement de pins et lance trois cris brefs «'hhiuhh 'hhiuhh 'hhiuhh», pas très fort, et continue son vol, sans plus s'occuper de moi...
Je le suis dans les jumelles pendant un moment, il s'arrête surplace pour scruter le sol, son plastron me semble plutôt clair (probable mâle).

Et comme il s'éloigne déjà, emporté par la brise, je tourne la tête vers l'endroit d'où il m'est apparu ...
et moins d'une minute après arrive un deuxième Circaète (plastron plus sombre), qui m'observe un court instant et continue tranquillement sa route, dans le sillage du partenaire...


 

 2004 

Un matin, vers 9h30, j'ai pénétré dans une zone boisée, et me suis approché lentement d'un nid, pour vérifier si le couple était revenu nicher cette année là, et si la femelle couvait.
J'étais dans un secteur à la végétation relativement dense, et bénéficiais d'un couvert naturel qui m'avait déjà permis par le passé d'approcher à portée de jumelle du nid sans provoquer l'envol de la femelle.

Arrivé à un endroit un peu moins couvert, j'étais encore relativement loin du nid, lorsque tout à coup j'ai entendu un petit cri flûté, qui ne semblait pas venir du nid mais de grands pins situés plus à gauche.

Malgré sa brièveté j'ai immédiatement reconnu la voix d'un Circaète, et après un temps d'arrêt, j'ai doucement rebroussé chemin.

Quelques minutes plus tard, je suis parvenu à découvert sur la piste forestière, et levant la tête j'ai aperçu un Circaète qui me survolait. Un examen aux jumelles m'a indiqué que d'après son plumage il devait s'agir du mâle.
Après m'avoir "accompagné" un moment sur mon chemin il n'est pas retourné au nid, mais a entamé au loin une série de vols sur place...


 

 2005 

Le 30/07/205, en faisant une tournée de contrôle des nids, je me suis attardé quelques minutes dans une zone de nidification, où un jeune Circaète s'entraînait à battre des ailes, debout sur son nid.

Il n'a pas dû apprécier que je le regarde essayer ses ailes, et s'est mis à crier, à trois reprises. Il s'agissait de la séquence de "cris d'alarme", que poussent souvent les adultes au cours de conflits en vol.


  

 2006   

Mercredi 17/05/2006, beau et chaud.

Recherchant un nid je débouche vers 10h40 dans une clairière en vue d'un grand pin :
la femelle qui était en train de couver s'envole, et alarme.
J'avais vu le mâle décoller vers 10h05, il ne doit pas être encore trop loin.

Bien que je quitte la zone sans tarder, la femelle suit ma progression en me survolant, et par moment continue à alarmer.

Puis, après un vol très léger avec plusieurs battements d'ailes rapides, elle effectue deux "vols en feston" : c'est à chaque fois un "flash" blanc qui doit être visible de loin.

Est-ce par hasard, c'est dans la direction qu'à pris le mâle en s'envolant peu avant...

Le vol en feston est déjà connu pour être un signe de "marquage territorial", à destination d'un intrus.
Dans ce cas là il s'agissait vraisemblablement d'un signal entre partenaires.

Contacts sonores et visuels